vendredi 28 juin 2013

Les enfants et le Ritalin, un problème québécois?


C’est le temps des vacances, et pour plusieurs enfants et adolescents, c’est aussi le moment de l’année où ils prendront une pause de petites pilules. Une pause de Ritalin, Concerta ou Adderall, ces médicaments qui traitent leur TDAH, le Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Et il semble que les jeunes Québécois soient atteints de TDAH à un niveau bien supérieur à la moyenne canadienne. En fait, selon une étude canadienne qui vient tout juste d’être publiée, près de la moitié des prescriptions reliées au TDAH au pays le sont au Québec! Wow!

En effet, dès l’implantation, en 1997, de l’assurance médicaments au Québec, les prescriptions de Ritalin et de médicaments connexes ont explosé.

Une décennie après son implantation, note-t-on dans l’étude publiée par The National Bureau of Economic Research (et passée complètement inaperçue au Québec), les enfants québécois utilisaient le Ritalin à un taux deux fois plus élevé qu’ailleurs au Canada, où cette assurance n’existe pas.

Les jeunes Québécois sont-ils plus atteints de TDAH? Ou bien la gratuité de la médication a «facilité» certains diagnostics?

Le Ritalin est-il réellement efficace?

Puisque les Québécois semblent mieux détecter et soigner le TDAH, leurs jeunes devraient en retirer des avantages, n’est-ce pas? Cette drogue doit bien les aider à mieux performer à l’école? À y rester plus longtemps que les autres Canadiens?

La réponse est malheureusement non, comme le confiait au Globe and Mail l’un des auteurs de cette étude, Mark Stabile, professeur d’économie et politique publique à l’Université de Toronto.
Si le Ritalin était si efficace, dit-il, les résultats scolaires de cette cohorte qui en bénéficie depuis dix ou vingt ans auraient augmenté, le taux de décrochage scolaire aurait significativement diminué.

Mais non. Au contraire, Mark Stabile et ses deux coauteurs ont trouvé «une augmentation de problèmes émotionnels chez les filles, et une réduction du niveau de scolarité chez les garçons». Rien ne laisse croire que l’utilisation de médicaments pour le TDAH donne des résultats. Mais leur utilisation banalisée peut au contraire avoir des conséquences négatives, écrivent-ils.

En fait, comme le dit Mark Stabile, les stimulants ne rendent pas les enfants plus ou moins brillants. Mais comme ils deviennent plus tranquilles, moins dérangeants, on croit leur problème réglé.

Entendons-nous: ce n’est ni l’assurance médicaments québécoise, ni l’industrie pharmaceutique qui a créé le problème de TDAH. Des millions d’enfants, sévèrement atteints, n’ont jamais pu terminer leur scolarité dans le passé, car on comprenait fort mal leur problème et on ne savait pas comment le traiter.

On les appelait des cancres, des rêveurs, des impulsifs. Plusieurs ont bien réussi dans leur vie, comme en font foi les témoignages de TDAH devenus des entrepreneurs célèbres. Mais d’autres n’ont jamais pu compléter une formation qui leur aurait permis de bien gagner leur vie.

Un problème complexe

Ainsi, lorsque la médicamentation est arrivée, on l’a vu comme une solution à un réel, et très complexe problème. Mais cette étude du National Bureau of Economic Research vient remettre toute cette certitude en question. Et elle mérite notre réflexion.

Est-ce réellement utile? À tout le moins, à cette échelle? On ne connaît pas à long terme les effets du Ritalin ou du Concerta. Certains échos provenant des États-Unis ne sont guère rassurants. On parle de dépressions majeures et dans certains cas, extrêmes mais tragiques, de suicide. Les effets secondaires plus «bénins» sont bien connus: perte d’appétit, du sommeil, maux de tête, baisse de l’estime de soi.

Bien des parents me disent comment le Ritalin ou le Concerta a aidé leur enfant à passer à travers le complexe cheminement scolaire, où l’uniformisation est de mise. Mais d’autres m’ont aussi parlé de ces profs qui leur téléphonent le soir, à la maison, pour leur ordonner de médicamenter leur enfant, alors qu’aucun diagnostic officiel n’est tombé. «Faites-lui prendre du Ritalin ou bien, cherchez-lui une autre école», disent des directeurs d’école.

Et on parle maintenant de TDAH à la garderie!

Au lieu de s’arrêter un peu et de se questionner, il semble qu’on est davantage dans une logique d’accélération de la médication. À l’heure actuelle, 11% des jeunes Américains, et près d’un garçon sur cinq au secondaire, sont diagnostiqués avec un TDAH et les deux tiers sont médicamentés.

Plus l’enfant est jeune par rapport à son groupe d’âge (né en été, voire en septembre) plus il risque d’être diagnostiqué avec un TDAH. Et plus il est blanc aussi! Les jeunes blancs américains sont deux fois plus nombreux que les jeunes noirs ou hispaniques à être diagnostiqués et traités.

Meilleur dépistage? Peut-être. Mais n’y a-t-il pas là des signes d’une société ultra-performante qui ne tolère tout simplement plus que certains enfants réussissent moins bien à l’école, ou soient plus dissipés?

Sans jeter le bébé avec l’eau du bain –et le Ritalin dans la poubelle- il est peut-être temps de se poser des questions.

Par ailleurs, le TDAH est aussi devenu une affaire d’adultes.

mercredi 12 juin 2013

Ritaline ou Ritalin : « on peut faire en sorte que ces enfants en souffrance deviennent des adultes épanouis »



Voici un article fort intéressant publié dernièrement en France sur le site éditorial elle.fr qui fait un constat sur la dynamique entourant le TDAH versus la contrainte médicale.

L’éditorial publié le 7 juin dernier intitulé « Junkid » sur les excès des prescriptions du méthylphénidate a suscité des réactions et des commentaires sur elle.fr. En aucun cas, il n’a été question de nier la nécessité de sa prescription dans des cas de pathologies avérées et bien connues des psychiatres, lourdes au point d’être parfois catégorisées comme un handicap. Il s’agissait uniquement de dénoncer l’usage de ce médicament pour raisons de confort, comme le montrent les exemples bénins utilisés (« un enfant de 4 ans qui refuse d’enfiler son imper »). Il ne s’agissait pas non plus d’entrer dans le détail sur la polémique actuelle autour du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Pour faire le point sur cette maladie, Christine Getin, présidente de TDAH France, l’association qui regroupe depuis 11 ans 3 800 personnes concernées par le « Trouble Déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité », répond à nos questions.

« Nous ne sommes pas pro-médicaments, mais nous sommes attentifs à ce que les enfants en souffrance puissent bénéficier du meilleur diagnostic possible et de la plus juste prise en charge, médicamenteuse au besoin, dit-elle. Ce médicament à base de méthylphénidate, Ritaline ou autre, est un psycho-stimulant qui va améliorer les mécanismes d'éveil pour des personnalités qui ne sont pas forcément agitées mais parfois simplement dans la lune en permanence. Ce sont des enfants en grande souffrance, souvent en proie à l'incompréhension voire au rejet de la société ou de l'école. En France, cette prescription est extrêmement réglementée, il faut passer par un psychiatre ou un neuro-pédiatre pour l'obtenir et manifester des troubles profonds pour l'obtenir. Les patients doivent avoir la meilleure information possible, y compris sur les effets secondaires éventuels. Mais la solution possible pour ces enfants réside dans une synergie entre les parents, les médecins, les psys, l'école... Et la médication seule ne suffit pas, il faut évidemment une prise en charge psychologique et bien souvent un aménagement scolaire. Et cela marche: en s'unissant, les adultes peuvent aider ces enfants en souffrance à mieux fonctionner. Mais la souffrance ne se guérit pas avec un médicament mais en ouvrant aussi un espace de parole, de compréhension. C'est un travail de chaque instant, mais on peut faire en sorte que ces enfants deviennent des adultes épanouis. »

> Voici des témoignages de parents ayant un enfant atteint du « Trouble Déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité ». Nous avons choisi d’en publier quelques extraits.

« (…) Pensez-vous vraiment que nous n'avons pas essayé tout ce qui était possible, accessible, pour nos enfants... NON, ils ne sont pas mal élevés, ils sont HANDICAPES, oui, malheureusement ou heureusement, cela ne se voit pas tant que cela, juste qu'ils sont ingérables, perturbateurs, dans la lune (!), toujours en opposition, insultant parfois, violents aussi ... mais nous sommes leurs parents et notre vœu est de les aider au mieux de nos connaissances et possibilités. Alors, oui , il y a ce médicament, "magique" oui car effectivement, nos enfants retrouvent une vie "sociale et sociable", suivent en classe, poursuivent des études et finiront par réussir à leur niveau mais ils feront sans doute ce qu'ils ont envie... et cette "pilule magique" (…) Cette petite pilule, pour nous, pour notre enfant, c'est une vie sociale, une vie scolaire , une vie "un peu plus calme" pour nous, et comme elle nous a dit après quelques jours de traitement : c'est moins le bazar dans ma tête... On ne lui donne que pendant les périodes scolaires... pendant les vacances, il faut "la gérer" !
Une maman en colère, qui fait au mieux pour aider, accompagner, gérer , soutenir... son enfant qui n'est pas une "droguée".
Véronique

« Ces familles se heurtent au quotidien à de nombreux obstacles financiers, organisationnels, scolaires et font face, chaque jour, à des situations d’incompréhension, de rejet, et d’échec.
Aucune d’entre elles n’est en recherche de « camisole » ou de « muselière » chimiques. Toutes sont par contre, pleinement conscientes des souffrances de leur enfant, des risques pour leur développement, et de la difficulté qu’il peut y avoir, lorsque les professionnels consultés estiment que cela est nécessaire, à accepter une médication qui est tant décriée, souvent mal comprise et toujours envisagée comme n’étant que l’un des aspects d’un parcours, qui allie suivi médical, rééducations, guidance psycho-éducative et aménagements d'une scolarité souvent semée d’embûches. (…) ».
Katia Gabrielle, mère de deux enfants concernés par le Trouble Déficit de l'Attention/Hyperactivité

« Notre fils est atteint de TDAH. Il a passé la plus grande partie de sa scolarité de primaire à l'écart du groupe, malheureux, rejeté par les autres élèves et désigné par les enseignants comme perturbateur. Sa table de classe placée dans le couloir, les journées dans le bureau du directeur ou au coin dans la cour. Les cahiers déchirés, les affaires perdues et surtout, surtout, ce regard des autres qui accable. Jamais d'invitations aux anniversaires. Les mots des autres parents pour se plaindre de son comportement.
Depuis la maternelle, nous avons tenté de l'aider de toutes les manières possibles : psychologue, psychomotricité, rééducation graphique, méthode de barkley, groupes de paroles, etc. Nous avons longtemps refusé le traitement par méthylphénidate, par principe et par crainte. (…) Notre fils est maintenant sous Concerta depuis 2 ans, depuis l'entrée au collège. C'est un choix que nous n'avons pas fait avec légèreté, c'est une décision douloureuse et difficile à prendre et bien sûr que nous aurions souhaité agir différemment. Mais sa vie en a été fondamentalement changée, sur le plan relationnel, scolaire mais surtout sur son bien-être. Comme tous les parents, ce que nous souhaitons au plus profond de nous même, c'est de voir nos enfants grandir heureux. »
Alix

« Effectivement non, on en guérit jamais ! On vit avec mais certains troubles, dont l’impulsivité si l’enfant est impulsif, peuvent évoluer. Mon mari, 40 ans, manque de concentration depuis qu’il est enfant et mon fils, 7 ans, est toujours dans la lune, non concentré et impulsif depuis son plus jeune âge! Apres 6 mois de traitement, je découvre mon enfant. Je prends plaisir à être avec lui, ce qui a malheureusement été difficile depuis les 4 dernières années. Quant à mon fils, il essaie à nouveau de se faire des copains a l’école, avance bien dans sa scolarité alors qu’on nous parlait en milieu d'année d' avoir une assistante de vie scolaire. Il ne fait plus de colères et de crises, accepte mieux la frustration sans plus se mettre en danger, il nous parle, nous fait rire... Il revit ainsi que toute la famille. Le diagnostic a été très long. Nous avons rencontré des médecins très incompétents et très mal informés. Nous n’avons rien lâché et avons rencontré un bon spécialiste. Médicamenter un petit bonhomme de cet âge n’est pas une décision facile à prendre mais, dans notre cas, elle a été nécessaire pour le bien et l’épanouissement de notre fils. »
Une internaute anonyme

« Je suis Asperger et également TDAH diagnostiquée à 53 ans, trois enfants adultes très probablement TDAH dont l'un, une fille, avec Troubles du spectre autistique autrefois appelés "psychose infantile".
Trois petits fils, l'un probablement TDAH avec troubles associés et les deux autres TDAH avec troubles associés. Une petite fille de 10 ans 1/2 encore à charge, autiste Asperger, HPI et TDA/H avec troubles associés.
Après une vie très difficile, parsemée d'échecs et de problèmes importants liés à un comportement très impulsif, un problème important et récurrent de désorganisation et de concentration, (problèmes que j'ai toujours imputés en grande partie à l'éducation reçue par mon père), j'ai été diagnostiquée TDAH et j'ai appris par un éminent spécialiste en la matière que je n'avais aucun problème lié à une quelconque "mauvaise éducation" mais un désordre neuro biologique cérébral qui provoquait ces troubles importants qui ont empoisonné toute ma vie. Il m'a prescrit du méthylphénidate et dès le premier jour de traitement ma vie a complètement changé, tout est organisé, calé, je ne procrastine plus, et je suis plus posée dans la réflexion et donc je n'agis plus sous l'effet de l'impulsivité. »
Maddie Haentzler

Source : http://www.elle.fr/Societe/News/Ritaline-on-peut-faire-en-sorte-que-ces-enfants-en-souffrance-deviennent-des-adultes-epanouis-2459637

mardi 11 juin 2013

Troubles de l’attention, hyperactivité : la piste du mercure et du plomb


Une exposition prénatale au mercure, ou encore une exposition postnatale au plomb, multiplieraient les risques pour un enfant de développer un trouble du déficit de l’attention et d’hyperactivité (TDAH). Cette découverte, à mettre au crédit de chercheurs canadiens, confirme les effets délétères de ces deux métaux lourds sur le développement de l’enfant.


Grâce à des analyses du sang ombilical, les chercheurs du Centre de recherche du CHU de Québec et de l’Université Laval (Canada), ont mesuré l’exposition prénatale au mercure de la population inuit du Nunavik, une région située dans le Nord du Québec et autrefois appelée le Nouveau Québec. Pourquoi ces populations précisément ? Parce qu’elles sont particulièrement exposées au mercure, du fait de leur forte consommation de chair provenant de mammifères marins. Résultat, les enfants dont le sang de cordon présentait les concentrations les plus élevées en mercure ont vu leur risque de TDAH multiplié par trois, en comparaison des autres.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « l’exposition au méthyl-mercure in utero peut résulter de la consommation par la mère, de poissons ou de crustacés ». C’est pourquoi en France, l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation de l’Environnement et du Travail (ANSES) recommande aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 30 mois « d’éviter de consommer les poissons les plus contaminés : requins, lamproies, espadons, marlins… ».

Les auteurs de ce travail ont également démontré que les enfants de 11 ans exposés à de très faibles niveaux de plomb, sont 4 à 5 fois plus exposés au risque de présenter des difficultés d’attention, de type hyperactivité. Là encore, l’alimentation est en cause. Le métal s’insinue en effet dans la chair des animaux, par l’intermédiaire des munitions utilisées pour la chasse. Pour les auteurs, « ces résultats renforcent les preuves des effets négatifs d’une exposition postnatale au plomb qui serait nettement inférieure au niveau actuellement considéré comme ‘ sans danger ‘par les autorités de santé publique ».


lundi 10 juin 2013

L’activité physique est bénéfique pour les enfants qui ont un TDAH



«Il y a longtemps eu un consensus populaire voulant que l'activité physique soit une bonne chose pour les enfants qui ont un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité [TDAH] parce que, par définition, ces enfants bougent sans cesse. Mais aucune étude empirique n'avait validé cette croyance... jusqu'à aujourd'hui», déclare Claudia Verret, diplômée en kinésiologie de l'Université de Montréal et professeure à l'UQAM.

Dans le cadre de son doctorat, elle a démontré qu'un programme d'activités physiques de 10 semaines pouvait améliorer significativement les comportements et les fonctions cognitives d'enfants âgés de 7 à 12 ans aux prises avec un TDAH.

«Trois midis par semaine, nous réunissions un groupe de 10 enfants qui, pendant 45 minutes, s'adonnaient à un sport collectif comme le basketball ou le soccer, explique Mme Verret. L'exercice physique pratiqué devait permettre d'atteindre une fréquence cardiaque de moyenne à élevée.» Ces enfants étaient comparés avec 11 sujets souffrant aussi d'un TDAH mais qui ne participaient pas aux activités.

Avant et après le programme, les enfants ont passé une batterie de tests neuropsychologiques destinés à mesurer leur attention. Leurs parents et professeurs ont également rempli des questionnaires relatifs à leurs comportements et à leurs compétences sociales.

«À la suite du programme, les parents et les professeurs ont rapporté que l'ensemble des comportements problématiques mesurés, comme l'agressivité, l'anxiété et la dépression, ont diminué, particulièrement les troubles sociaux», souligne la professeure.

Selon elle, l'effet positif de l'exercice physique sur les interactions sociales est un résultat «majeur». «Le portrait clinique des enfants atteints d'un TDAH révèle qu'ils ont très souvent du mal à s'adapter aux autres. Le fait de prendre part à des activités physiques de groupe structurées les aidait à surmonter cette difficulté, et ce, même si le programme ne visait pas spécifiquement le renforcement social.»

Les enfants se montraient aussi moins impulsifs. «Les enseignants nous ont mentionné qu'au retour de la séance d'activité physique ils étaient capables de rester assis plus longtemps que d'habitude», signale Claudia Verret, qui a effectué son doctorat sous la supervision des professeurs Louise Béliveau, de l'UdeM, et Phillip Gardiner, de l'Université du Manitoba, en collaboration avec l'Hôpital Rivière-des-Prairies.

Les problèmes d'attention se sont en outre atténués. Les enfants ont certes commis des erreurs dans les examens neuropsychologiques, mais ils les ont faits plus rapidement. «En fin de compte, ils étaient plus efficaces, signe que leur attention était meilleure, constate Mme Verret. Nous voyons un lien direct avec ce qui leur était demandé au cours des séances d'activité physique. En effet, une grande attention est requise au cours d'un match de basketball: il y a une cible à suivre, en l'occurrence le ballon, des partenaires et des adversaires à repérer, un objectif à réaliser, etc.»

Claudia Verret note également une amélioration des performances motrices. Dans une étude précédente, la chercheuse avait observé que les enfants ayant un TDAH présentaient des déficits notables sur le plan moteur. «Ils avaient de la difficulté à courir, sauter, attraper un ballon, dit-elle. On savait qu'ils avaient certains problèmes du côté de la motricité fine, mais peu de chercheurs s'étaient intéressés à leur motricité globale.» Elle croit qu'il est important de poursuivre des recherches dans cette voie, car «la pratique sportive, surtout chez les garçons, joue un rôle essentiel dans le développement des compétences sociales», ce qui fait cruellement défaut aux enfants qui souffrent d'un TDAH.
L'activité physique, une aide complémentaire à la thérapie

Claudia Verret reconnait que cette recherche demeure exploratoire à cause de son petit échantillon. Mais, ajoute-t-elle, les résultats obtenus sont encourageants à un point tel qu'il serait opportun, éventuellement, de considérer l'activité physique comme une aide complémentaire aux thérapies traditionnelles.

«Au cours des séances de thérapie cognitivo-comportementale, on travaille l'auto-contrôle, l'estime de soi et les habiletés sociales entre autres. On pourrait intégrer cette structure à l'intérieur d'un programme sportif. L'enfant pourrait ainsi mettre en pratique ce qu'il apprend pendant la thérapie. Ce serait une excellente manière de susciter son plaisir et de renforcer sa motivation.»

Elle indique qu'une telle initiative nécessitera de mieux former les intervenants qui encadreront les enfants. «Notre étude démontre que le sport de groupe semble préférable pour ces enfants en raison de son influence sur le plan social. Mais dans la réalité, il n'est pas aisé de s'occuper d'un groupe d'une dizaine d'enfants qui ont un déficit de l'attention si l'on ne possède pas la formation requise. Nous devrons élaborer des outils pour faciliter le travail des intervenants.»

vendredi 7 juin 2013

La musique pour aider nos petites tornades ?



Hier, les enfants hyperactifs étaient traités avec les électrochocs et la lobotomie. Aujourdh'hui, on utilise la médication. Et si demain on utilisait...la musique ?


Un article radiophonique de 3 minutes fort intéressant ci-bas.

 


Les personnes atteintes de troubles de la mémoire ou de l'attention pourraient bientôt bénéficier de nouvelles méthodes de diagnostic et de prise en charge basées sur la musique.


Depuis quelques années, tout un pan de la recherche s'intéresse à la façon dont notre cerveau est capable de traiter et d'analyser la musique.

Barbara Tillmann, directrice de recherche au CNRS, explique pourquoi les neurosciences s'intéressent à la musique : "on commence à étudier comment on peut utiliser la musique pour booster le cerveau dans d'autres activités".

Elle a ainsi testé la musique sur des enfants dyslexiques, en se basant sur la théorie de l'attention.

jeudi 6 juin 2013

Être ou ne pas être TDAH...


Quel est le produit dont la consommation a augmenté de 70% en 5 ans et le nombre de consommateurs de moins de 20 ans de 114%? C'est un psychostimulant qui, paradoxalement, calme les enfants hyperactifs ainsi que l'a révélé une étude du laboratoire Celtipharm portant sur les ventes des pharmacies. Nous sommes bien loin des Etats-Unis où la progression ces six dernières années est de 600%.

Est-ce un bon signe au sens où les enfants seraient mieux soignés ou un mauvais signe au sens où ce psychostimulant plus connu sous le nom de Ritaline serait trop prescrit? La réponse n'est pas simple.

Comme la majorité des troubles du comportement, il n'y a pas de marqueur biologique spécifique. Le diagnostic repose sur le consensus clinique des spécialistes qui peut varier: ce qui apparaît comme pathologique à une époque sera considéré comme normal à une autre.

Le diagnostic a la particularité d'être si facile que tout le monde peut le faire et d'ailleurs tout le monde le fait: un enfant qui ne tient pas en place, parle sans arrêt, papillonne sans jamais se fixer sur une tâche, ne passe pas inaperçu. D'autant qu'il est souvent impulsif et incapable de se concentrer. Il est en revanche beaucoup plus difficile d'appréhender la cause de cette instabilité. La progression des prescriptions médicamenteuses aux USA indique que les Américains privilégient ce que le pédopsychiatre Bernard Golse appelle "la clinique de l'instant" opposée à une "clinique de l'histoire". L'hyperactivité y est considérée comme une anomalie neurobiologique point barre.

En France, la prescription initiale de cette molécule classée comme "stupéfiant" est réservée aux services hospitaliers, précaution censée préserver des indications abusives. Les psychiatres ne sont pas divisés en deux camps irréductibles, les uns tenants d'une origine neurobiologique, les autres d'une origine psychologique car la plupart pratique encore une "clinique de l'histoire" ce qui les amène à distinguer plusieurs formes d'hyperactivité: l'instabilité peut n'être qu'un signe parmi d'autres; tantôt il s'agit d'une maladie psychiatrique ou neurologique, tantôt il s'agit d'un enfant qui n'est soumis à aucune contrainte éducative.

Ailleurs, on retrouve des perturbations importantes des interactions précoces. Mais il arrive aussi que, même en cherchant bien, on ne trouve aucune cause psychique ou environnementale ce qui évoque fortement une cause neurobiologique. Et pour compliquer le tout, facteurs psychiques et neurodéveloppementaux peuvent être intriqués et se potentialiser.

La difficulté pour le thérapeute est de n'exclure aucune hypothèse pour créer un dispositif thérapeutique adapté. La Ritaline y a une place quand elle permet à l'enfant de penser et pas seulement de se tenir tranquille. Encore faut-il que le thérapeute lui même ne s'empêche pas de penser en réduisant l'enfant à un comportement qui ne convient pas aux exigences de la société et que seul un médicament pourrait faire changer.


Source : http://www.huffingtonpost.fr/caroline-eliacheff/hyperactivite-ritaline_b_3388711.html